Bloody Kiss – Du nouveau chez les vampires – par Kazuko Furumiya
Titre : | Bloody Kiss |
Auteur : | Kazuko Furumiya |
Genre : | Shôjo |
Année : | 2007 |
Editeur Japonais : | Hakusensha |
Editeur Français : | Glénat |
Nbre de volumes : | 2 |
Etat de la série : | Série terminée |
Kiyo une jeune lycéenne livrée à elle-même hérite – de la part de sa grand-mère – d’un immense manoir. Enthousiaste à l’idée de pouvoir financer ses études de droit, elle déchante très vite en découvrant ce cadeau empoisonné. Totalement délabrée, la vieille bâtisse est habitée par des vampires qui n’ont pas l’intention de quitter les lieux.
Encore un énième manga sur le thème du vampire ? Il est vrai que les mangakas se sont progressivement appropriés ce culte provenant de l’Occident. Kaori Yuki 1 fut l’une des premières à utiliser ce mythe revisité par la suite dans Hellsing, Vampire Knight et plus récemment dans l’excellent Black Rose Alice de Setona Mizushiro.
Alors qu’en est-il de Bloody Kiss ? Eh bien malgré toute la volonté du monde, c’est inéluctable, avant même d’en feuilleter les premières pages, on est bourré de préjugés à la noix. Il faut dire que lorsqu’on est ravi par une adaptation – et c’est le cas de Black Rose Alice – on se demande à quoi bon chercher ailleurs. Car le problème majeur dans le cas de Bloody Kiss, c’est qu’il arrive bien trop tard, au moment où Black Rose Alice a déjà trouvé son public. Alors certes Twilight et autres références vampiriques sont loin d’avoir épuisés le mythe, mais on peut redouter que Bloody Kiss soit toujours jugé en comparaison de son prédécesseur. Heureusement en tant qu’otaku accompli, on ira forcément au-delà de cela en acceptant de franchir la jolie couverture cartonnée, impatient à l’idée de plonger dans l’univers du shôjo. Et même si les premières pages semblent valider cette hypothèse par les impressions de déjà vu qu’elles proposent – un splendide manoir, une jeune adolescente aux cheveux longs et clairs, puis l’emblème de la rose en couverture – on poursuit convaincu de trouver une pointe d’originalité. Et c’est là qu’on se dit que la persévérance porte ses fruits !
Car même si les ressemblances sont bel et bien là, on décèle bon gré mal gré une étincelle de nouveauté. Cette dernière réside essentiellement dans la psychologie des personnages. Enfin une épouse de vampire digne de ce nom ! Kiyo est aux antipodes de son apparence de jeune fille rangée. Finies les midinettes sans caractère, obnubilées par la plastique de leur prédateur de petit copain, Kiyo est une super girl n’hésitant pas à molester Kuroboshi, s’imposant de force comme son nouveau fiancé ! Et on aime ! Prises de karaté, caractère bien trempé, le Don Juan aura du fil à retorde.
Parlons-en justement de ce bellâtre ! Si son style gothique et sa combi moulante rappellent les tenues d’Angel Sanctuary et de Models 2, cet apparat lui colle incontestablement à la peau. Peu d’originalité, mais on décèle en lui une dualité intéressante. Alors que Dimitri 3 apparaît clairement comme un vampire des plus inquiétants, Kuroboshi – loin d’être son alter ego – incarne le comique de service, à la fois cynique et vulnérable. Il est vrai que Kazuko Furumiya n’a pas lésiné de ce coté là et à créé un personnage aux multiples facettes. Supposition qui devrait se confirmer dans la suite de la série. Dernier protagoniste de ce trio infernal, Arche jouant les trouble-fêtes en contrariant les tentatives de séduction de son jeune maître Kuroboshi. À la fois excentrique et raffiné, ce personnage n’est pas sans rappeler celui d’Ayamé Soma de Fruit Basket, les costumes en moins…
Coté intrigue le tome 1 est faible en péripéties, après une présentation du cadre et des personnages, on entre peu à peu dans le quotidien finalement banal de Kiyo. On retrouve néanmoins les composantes du shôjo : la rencontre entre une héroïne maladroite et un beau gosse inaccessible, une ébauche de ce qui deviendra peut être un triangle amoureux, ainsi que le design Kawai utilisé pour l’héroïne, ceci conjugué au charme d’un Kuroboshi au visage efféminé, au corps longiligne et aux grands yeux bridés. Évidemment le mythe du vampire a droit à une nouvelle jeunesse. Dans Bloody Kiss, ce dernier boit simplement le sang de sa promise et reste insensible au soleil, à l’eau bénite mais aussi à l’ail.
Si le tome 1 paraît fastidieux du point de vue de l’intrigue, on peut espérer que le second apporte de la dynamique à cette série forte de personnages attachants. Nul doute cependant que les lecteurs de Black Rose Alice ne verront que peu d’intérêt à lire ce manga. Pour les autres, Bloody Kiss reste néanmoins un shôjo à découvrir.
Bloody Kiss tome 1 scénario et dessins de Kazuko Furumiya, paru en Janvier 2010
Tome 2 paru le 27 janvier
Editions Glénat
Crédit photographique : Kazuko Furumiya
1. Kaori Yuki, mangaka de mangas à succès comme Angel Sanctuary etc.
2. Manwha coréen de Lee So Young.
3. Dimitri est un des personnages principaux de Black Rose Alice et incarne le chef des vampires.
Critique initialement parue sur Interlignage.