La Cité Saturne – Hisae Iwaoka
Titre : | La Cité Saturne |
Auteur : | Hisae Iwaoka |
Genre : | Shônen |
Année : | 2009 |
Editeur Japonais : | Shogakukan |
Editeur Français : | Kana |
Nbre de volumes : | 5 |
Etat de la série : | Série en cours |
Imaginez que la terre devienne un espace protégé obligeant les humains à vivre ailleurs. De quelle manière pourrions-nous subsister en dehors de la planète bleue ? Née de l’extraordinaire imagination d’Hisae Iwaoka, la Cité Saturne est le nouveau refuge de la race humaine. Science fiction et esprit critique sont les clés de voûte de cette série prometteuse sélectionnée pour le prix Mangawa 2010 1.
Mitsu vit dans la Cité Saturne, un système annulaire construit autour de la terre pour y loger ses habitants. Ce monde artificiel, composé de trois niveaux, répartit la population en fonction de son rang social. Issu d’une famille populaire, le jeune garçon habite au niveau intermédiaire et ses ambitions professionnelles sont très limitées – les postes importants étant réservés aux personnes du niveau supérieur. Ainsi après ses études, il devient laveur de vitre – comme son père, disparu mystérieusement au cours d’un accident. Convaincu que ce dernier vit encore, Mitsu se jette corps et âme dans son travail et devient bien plus qu’un laveur de vitre pour ses clients…
Sincère et prévenant, Mitsu est un héros attachant, philanthrope à l’excès. À de nombreux égards, sa personnalité peut rappeler celle de Tohru Honda – héroïne culte du shôjo Fruits Basket de Natsuki Takaya. Comme elle, il s’investit à outrance dans ses projets, quitte à s’attirer des ennuis et à susciter la jalousie. Malgré ses maladresses, Mitsu apporte une lueur d’espoir 2 à son entourage.
Dans ce manga de science fiction, Hisae Iwaoka renoue avec une des plus grandes quêtes jamais entreprises par l’homme : la conquête de l’espace, à la différence que l’objet tant convoité n’est autre que la Terre. Aux antipodes des seinens insipides que l’on trouve en trop grand nombre sur le marché du manga, la Cité Saturne – riche d’une intrigue plus élaborée – critique avec subtilité les travers de notre société. En créant un monde de substitution dominé par l’artifice et la contrainte, Hisae Iwaoka plonge ses protagonistes dans un monde sans espoir où la lumière, les étoiles et le vent – éléments naturels auxquels nous ne prêtons plus attention – sont recréés par les humains, où les espèces végétales et animales extrêmement convoitées et rares sont les derniers remparts d’une existence à jamais dissolue. Au delà de ce message moral, ce manga apparaît comme une caricature de la lutte des classes : la hiérarchie et le déterminisme oppressant régnant au cœur de la Cité Saturne en étant les parfaits exemples.
Face à l’originalité du scénario, la qualité graphique peut décevoir. Même si le choix des décors s’adaptent à l’univers de l’œuvre – l’architecture de la cité orbitale et les costumes des personnages notamment – la qualité du caracter designer est un bémol qu’il ne faut pas négliger. On regrette l’aspect rudimentaire voire enfantin des visages, plus particulièrement celui de Mitsu.
La Cité Saturne n’en reste pas moins un manga à découvrir. À travers ce récit initiatique, Hisae Iwaoka donne naissance à un univers passionnant qui plaira sans conteste aux amateurs de mangas.
La Cité Saturne, tome 1 et 2, scénario et dessins d’ Hisae Iwaoka
Éditions Kana
Tome 1 paru le 6 novembre 2009, tome 2 le 8 janvier 2010, tome 3 à paraître le 07 mai 2010
Crédit photographique : Hisae Iwaoka
1 Le prix Mangawa est décerné chaque année par des collégiens et lycéens français.
2 Mitsu signifie lumière en japonais.
Critique initialement parue sur Interlignage.